Sabine Sicaud

À M.G.

 

Ils sont finis tous nos beaux rêves de voyages.
Le chaud reflet des flots
Jouant sur le plafond des chambres de bateaux
Et les fins palmiers des mirages,
C’est fini. Quand le soir enfume les vallées
Je ne parlerai plus des nuits bleues de Syrie.
Après la messe d’un dimanche
Sur ce chemin brûlant ombré de peupliers
Je ne reverrai plus passer ta robe blanche.

 

Et si l’automne vif sent encore la lavande
Sur les blancs coteaux craquelés ;
Si, dans les prés coupés par les routes brûlantes,
Tremble le vent des peupliers,
Toutes seules près des lourds placards de fruitier
Dorment là-bas tes robes claires.
Dans leur armoire tiède entre les deux fenêtres,
Elles t’attendent bien pliées.

 

In Retour de mer (1942)

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