Sabine Sicaud

fleurs-sauvages.jpg
          Mademoiselle Sabine Sicaud a un beau visage grave, tranquille, offert aux spectacles du monde comme un miroir ambré.  L’œil lui-même, qui voit exactement et curieusement toute chose, est une sombre liqueur rêveuse.  Ce regard et ces traits émouvants attestent une âme contemplative, mais rien ne décèle l’habile et malicieux démon qui, pourtant, dicte au jeune poète ces vers incisifs et pittoresques, car les poèmes de l’enfant prodige sont chargés de savoir et tressautent de ruses charmantes.  Ils ont un départ naïf ou téméraire qui nous touche le cœur, nous fait craindre la juvénile inexpérience, mais ils se tirent du mauvais pas et du piège tendu à l’inspiration par des tours gracieux, savants, toujours réussis et toujours poétiques.  Corot, Carrière et Puvis de Chavannes, Thermidor et Pluviôse, mille mots délicats, imprévus, bien posés, viennent briller sur le petit théâtre admirablement ingénieux de la rusée petite fille, à qui obéissent les rythmes brisés, rattachés, qui nous dispensent, avec un heureux mouvement, le monde varié des images.

          Elle raconte, et son chant qui danse ne craint pas les pirouettes de l’elfe.  La nature et la vie nous sont livrés par cette enfant avec une gentillesse et un talent extrêmes.  Elle semble nous aborder avec un vaporisateur suave et taquin, qu’elle manie gracieusement, hardiment, et voici le parfum des Fleurs de fèves, l’histoire du Petit cèpe, du Cytise, et aussi, dessiné dans un jet aigu et ruisselant d’encre de Chine, le portrait satanique de Fafou, la chatte noire aux mœurs farouches.

          Que pouvons-nous souhaiter à cette petite fille dont les poèmes sont des poèmes heureux, - miracle dans l’inspiration des enfants, qu’oppresse la mystérieuse nature, et qui l’interrogent avec mélancolie ?

          C’est de rester fidèle à son espiègle vision de l’univers, aux divinités des bois, des jardins, de la demeure, qu’elle honore en ses vers charmants, et qui, sans doute, voudront la protéger contre les flèches perfides, au-devant desquelles, pourtant, se précipite l’impatiente adolescence !

Comtesse de Noailles

               © 2008 - 2022 - Sabine Sicaud- Webmestre Guy Rancourt - Création initiale Anne Brunelle - Gestion informatique Robert Gastaud - Conseil 

Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
Divers
Compteur de visites
Aucune IP n'est enregistrée
Accepter
Décliner