Sabine Sicaud

L'aube fait place au jour, et la cloche qui tinte,
          Par trois fois tinte l'angélus.
Et deux filles, dont l'âme est vivement atteinte,
          Depuis longtemps ne dorment plus !

L'une, reine d'un jour, qu'à son gré l'on marie,
          Les yeux éblouissants d'espoir,
Pose sur se cheveux la couronne fleurie,
          Et fait sourire son miroir.

          De sa toilette elle est contente,
Et n'y voit vraiment plus une épingle à changer.
          Sa mère vient, qui lui présente,
Selon l'antique usage, un bouquet d'oranger.

L'autre, qui sur son lit est demeurée assise,
          Ne songe guère à ses atours ;
Elle a gardé sa robe, et vous la voyez mise
Comme elle était hier, comme elle est tous les jours.

Alors, dans une armoire, autrement, toujours close,
Où son père, autrefois, serrait sa croix d'honneur,
Elle cherche à tâtons ; elle y prend quelque chose
Et le cache en tremblant à l'endroit de son coeur.

          L'une, coquette et minaudière,
Se livrant au plaisir d'admirer les cadeaux
Venus de tous côtés, ses bagues, ses joyaux,
          N'a encore fait sa prière.

L'autre, avant l'angélus, a témoigné sa foi,
           Et, sur la terre agenouillée,
Mains jointes, elle a dit, d'une âme humiliée :
          « Ô mon Dieu ! pardonnez-le moi ! »

Extrait du chant 3 de L'aveugle de Castel-Culié (1854)

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