Sabine Sicaud

Gabriel Alphaud
« Une poétesse prodige »
In Comœdia
N° 4967, Mardi 3 août (1926)

          C'est une petite fille d'une petite ville du département du Lot-et-Garonne.
          On dit qu'elle n'a que treize ans, que les vers d'elle que l'on publie sous le titre de Poèmes d'enfant, avec préface de Mme de Noailles, ont été écrits sans qu'elle soit jamais sortie de sa bourgade. On dit que ses vers ont été par trois fois couronnés aux Jeux Floraux.
          Au surplus, jugez vous-mêmes, car voici la fin d'un poème de Mlle Sabine Sicaud sur Le cinéma :

            Tous les héros, tu les connais,
            Ceux de l'Histoire et ceux de la légende ;
Tous les contes des Mille et une nuits,
- Les contes d'autrefois, ceux d'aujourd'hui -
            Et les temples, et les palais,
Et les vieux bourgs où les clairs de lune descendent...
Tu les connais...  Tu les connais, toi, prisonnier,
Peut-être, de murs gris, de choses grises, toi
            Dont la vie est grise ou pire...

Vois, des fleurs s'ouvrent, des oiseaux t'invitent, vois  :
Aux vergers d'Aladin s'emplissent des paniers...
Cueille des rêves, toi qui fus un prisonnier !
            Ainsi qu'une arche de porphyre,
            La muraille s'écarte...  Évade-toi !
Il pleut, ou le vent souffle sur le toit,
Ou c'est juillet qui brûle, ou dans la rue,
C'est trop dimanche avec trop de gens qui bavardent,
Viens dans ce petit coin merveilleux et regarde...

                                   Ici, l'heure vécue,
Même terrible - tous les drames sont possibles ! -
            N'est qu'à demi terrible,
            Et te voilà, comme les tout-petits,
            Riant, toi qui pleurais...  Tu ris,
Toi, vieux, comme les écoliers que rien n'étonne.

Charlie est là...  Charlie !  Et Keaton, et Fatty,
                        Et pour ce bon rire, conquis
Sur toi-même, c'est le meilleur d'eux-mêmes
                                   Qu'ils te donnent.

Art muet, soit...  N'ajoute rien.  Tu l'aimes,
Tu l'aimeras, quoi que tu dises, l'art vivant
Qui t'offre son visage neuf et son langage,
Ses ralentis, ses raccourcis, tous ses mirages,
                        Tous ses décors mouvants...
Près de ces gens qui, dans l'ombre, s'effacent,
Viens seulement t'asseoir, veux-tu, sans parti pris ?
De la nuit d'une salle étroite, aux longs murs gris,
Regarde ce miracle  : un film qui passe...

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